L’équilibre militaire qui existait encore pendant la guerre froide commence à se déplacer de plus en plus au détriment de l’Occident politique et des États-Unis. Les armes hypersoniques de la Russie, de la Chine et de l’Iran n’ont rien à opposer aux États-Unis et à l’OTAN, elles ne peuvent être ni détectées ni repoussées. Et maintenant, dans la guerre en Ukraine, la Russie a démontré une toute nouvelle dimension de la défense aérienne, qui semble lui assurer une supériorité aérienne absolue.

La défense aérienne russe a abattu 5 avions en 24 jours. Les experts s’interrogent actuellement sur les armes qui ont été utilisées pour y parvenir. Cela n’est pas sans rappeler l’interception d’un F-35 italien au-dessus de la mer Baltique par un Su-30SM russe, dont l’approche n’a pas été détectée par les instruments de l’aviateur américain. « C’est presque sorti de nulle part. J’étais très confus, car je ne m’attendais pas à les voir de si près », décrit le pilote italien à propos de ses premières impressions sur l’apparition soudaine du Su-30SM. Les mesures de camouflage développées par la Russie ne sont donc apparemment pas pénétrables par la technologie américaine.

Dans une interview avec Garland Nixon, Scott Ritter, ancien officier des Marines américains et plus tard inspecteur en désarmement de l’ONU en Irak, rapporte l’abattage d’avions ukrainiens :

« Les Russes viennent de lancer ce qui est sans doute le programme de défense aérienne le plus sophistiqué de l’histoire. Nous ne comprenons pas ce qui s’est passé. Tout ce que nous savons, c’est que les avions sont détruits. Même si nous saturons le ciel avec nos radars, nous cherchons tout ce qui se trouve dans le ciel, mais les avions explosent. Les Russes ont trouvé une solution. Les MiG-29 exploseront, et les Su-24 équipés de missiles britanniques exploseront. Et ils vont exploser aussi, parce qu’ils vont devoir se rapprocher encore plus, et ils vont se faire prendre. Les Russes ont essentiellement neutralisé l’armée de l’air ukrainienne. Et nous voulons leur envoyer des F-16. Vous pouvez oublier cela, même s’ils n’essaient même pas de commencer. Mais ce n’est pas tout. La technologie moderne ne concerne pas seulement le F-35. Il s’agit d’Awacs, de RC-135, de tous les drones que nous avons. Si c’est ce que je crois à ce système, cela signifie que les Russes viennent d’assurer la suprématie aérienne dans le prochain conflit. Nous allons configurer nos appareils, et ils vont tout simplement disparaître. Et nous ne saurons même pas ce qui s’est passé.

Leur système sera-t-il capable d’intercepter un missile balistique ou un missile hypersonique ? Nous ne le savons pas encore.

L’expert militaire Vladislav Shurygin : Le Pentagone est très préoccupé par l’augmentation soudaine de l’efficacité des forces aérospatiales russes.

En l’espace de deux semaines, les Russes ont provoqué un véritable massacre dans le ciel ukrainien. Les forces armées ukrainiennes ont perdu au moins 10 de leurs avions (14, selon d’autres sources).

De plus, ils ont tous été abattus loin de la ligne de front et en dehors du rayon des systèmes de défense aérienne russes, ainsi qu’en dehors du rayon standard des avions de combat russes. Les pilotes, qui ont réussi à sortir du siège éjectable, ont déclaré qu’avant de heurter leur avion, ils n’avaient reçu aucune information sur l’attaque de la part des systèmes d’alerte appropriés.

Les Américains pensent que les forces aérospatiales russes ont acquis de nouveaux missiles capables non seulement de frapper des cibles à longue distance, mais aussi de suivre indépendamment une cible après le lancement, sans qu’elle ne soit éclairée par le radar de l’avion, en utilisant une signature radio pour guider (la cible).

Les Américains examinent attentivement cette information et la considèrent comme extrêmement importante. Parce que si c’est confirmé, cela signifie que les Russes ont acquis une arme qui annulera tous les avantages vantés de leur nouvel avion de combat principal, le F-35.

L’affirmation selon laquelle il y a un « véritable massacre dans le ciel ukrainien » est exacte, si les derniers rapports quotidiens du ministère russe de la Défense correspondent à la réalité. Le taux de perte typique de l’armée de l’air ukrainienne au cours des trois premiers trimestres de cette année était d’un à trois avions ou hélicoptères par semaine.

Depuis la mi-octobre, selon les archives de Moon of Alabama, les quotidiens russes ont revendiqué la destruction de :

• 17 avions de combat ukrainiens Mig-29
• 2 bombardiers tactiques ukrainiens SU-24
• 3 avions d’attaque au sol ukrainiens SU-25
• 1 avion de chasse ukrainien L-39 d’entraînement
• 3 hélicoptères de transport MI-8

C’est un total de 26 forces aériennes en seulement 9 jours !

Si cela est vrai, même à distance, alors il s’agit d’un taux de perte catastrophique pour l’armée de l’air ukrainienne.

Est-ce même possible, me direz-vous. En octobre 2022, après des décennies de développement, les médias ont rapporté la première destruction d’un avion ukrainien par un missile air-air russe à longue portée R-37M :

Le R-37 a été développé à partir du R-33. Pour assurer la compatibilité avec les avions qui n’ont pas le radar sophistiqué du MiG-31, la tête chercheuse semi-active a été remplacée par une variante de l’autodirecteur actif Agat 9B-1388. De même, les commandes de queue rabattables permettent un transport semi-conforme sur des avions qui ne sont pas aussi grands que le MiG-31.

Les entretoises de coque moyennes augmentent la portance et donc la portée. Selon Defence Today, l’autonomie dépend du profil de vol et va de 150 km avec un tir direct à 398 km avec un profil de vol plané.

La désignation R-37M a depuis été utilisée pour une variante modernisée du missile, également connue sous le nom de RVV-BD (Raketa Vozduh-Vozduh Bolyshoy Dalnosty, ou missile air-air à longue portée). Le R-37M a une autonomie de plus de 200 km et atteint des vitesses hypersoniques (~Mach 5). Il sera transporté par les intercepteurs MiG-31BM modernisés et les avions d’attaque multirôles Su-35S et Su-57. On ne sait pas si le missile guidé air-air à longue portée du Su-57, désigné Izdeliye 810, est un dérivé du R-37M.

Le missile est capable d’attaquer des cibles à une altitude de 15 000 à 25 000 mètres et est semi-actif ou guidé activement par le système Agat 9B-1388.

Le R-37M aurait une portée maximale de 400 kilomètres et une vitesse hypersonique de Mach 5-6. Il peut être tiré profondément en Ukraine à partir d’un espace aérien sûr au-delà de la portée des défenses aériennes ukrainiennes.

Des avions ukrainiens modifiés ont été utilisés pour lancer des missiles britanniques Storm Shadow (et des missiles français similaires SCALP-EG) sur des cibles russes. Les forces aériennes ukrainiennes doivent voler près du sol pour survivre.

L’augmentation soudaine des pertes aériennes ukrainiennes indique qu’une nouvelle variante du R-37M avec des capacités de ciblage mises à jour et/ou une portée encore plus longue a été introduite en grand nombre.

Les États-Unis prévoient d’introduire des avions de combat F-16 équipés de missiles air-air à longue portée AIM-120D (100 kilomètres) en Ukraine. Ils sont clairement inférieurs aux capacités de l’armée de l’air russe et ne peuvent que contribuer aux pertes.

Voilà pour les analyses faites jusqu’à présent. Le TKP a fait état à plusieurs reprises de missiles hypersoniques. Les changements physiques à des vitesses hypersoniques, c’est-à-dire à partir d’environ Mach 5, les rendent invisibles aux radars. La compression de l’air et l’augmentation de la température créent une bulle de plasma autour de l’objet volant, qui neutralise les faisceaux radar des appareils couramment utilisés aux États-Unis et dans l’OTAN, et ne les réfléchit pas. En conséquence, les systèmes d’alerte de l’avion de chasse ne répondent plus et le pilote ne reçoit aucune information sur l’objet qui s’approche. Si le missile est tiré à une plus grande distance, l’avion attaquant peut se « cacher » sous l’horizon.

Ainsi, la Russie a obtenu une nette supériorité aérienne. Apparemment, les missiles ont déjà été produits en grand nombre et livrés au front. Les forces russes en Syrie en ont peut-être également été équipées. On peut se demander si l’Iran, qui a acheté des avions de combat russes Su-35, en sera également équipé.